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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 00:00

L’évolution démographique qui conduit à un accroissement sans précédent du nombre de personnes âgées dans les sociétés occidentales pose le problème du rapport entre ces sociétés et cette population.
En fait, ce rapport oscille entre retrait (I) et influence économique et culturelle (II).

 

I. Les personnes âgées dans la société : de la retraite au retrait


a) De la retraite…

 

- La transformation démographique et sociologique de la société a profondément bouleversé le rôle et la place tenue les personnes âgées. En effet, la première caractéristique de cette population est d’être à la retraite.
Or, dans une société qui privilégie l’activité et le travail, “ le rôle de retraité, c’est de n’en plus avoir ” comme l’écrit E. BURGESS.

 

- Le passage de la situation d’actif à celle de retraité est d’autant plus difficile que le travail antérieur aura été intéressant et intensif et que la transition aura été brutale. On a souvent parlé d’une surmortalité au cours de l’année ou des deux années suivant la mise à la retraite, mais cette hypothèse n’a jamais été vérifiée scientifiquement.

 

- En fait, les gérontologues soulignent les modifications souvent insidieuses qu’entraîne le vieillissement et qui s’observent dès avant la retraite. En effet, la transformation du rôle commence bien avant le cap des soixante-cinq ans. Comme parents, comme travailleurs, comme conjoints, comme amis même, les personnes qui dépassent quarante-cinq à cinquante ans pensent que leur rôle dans la société diminue. Ce phénomène peut être précoce dans le cas des personnes de santé fragile ou souffrant de handicaps physiques. On parle de véritable retrait.

 

 

b) …au retrait

 

- Ce retrait de la société est amplifié par la mobilité sociale et géographique que connaissent les actifs et qui réduit considérablement la fonction d’autorité dont les personnes âgées étaient chargées dans les sociétés traditionnelles.

 

- Finalement, ce “ rejet ” contribue à renforcer chez l’individu le sentiment, fondé ou non, de son inutilité sociale. Ce sentiment le pousse à fréquenter souvent des contemporains avec lesquels il a des points communs (l’ancien métier, la guerre, les souvenirs locaux...) et encourage une attitude de repli nuisible à une bonne adaptation.

 

- Cette évolution du comportement est à l’origine de la théorie du “ désengagement ” (E. CUMMING…) selon laquelle l’homme vieillissant restreint progressivement, plus ou moins consciemment, ses rapports avec la société.

 

- De nombreux auteurs, mentionnés par M. PHILIBERT (G. Cabanis, E. Parker, E. Erikson, R. Guardini), ont proposé des calendriers, des étapes. Certains situent à la cinquantaine la maturité mentale (changements dans les responsabilités, libération des rivalités), à la soixantaine une seconde maturité (difficultés d’intégration personnelle : les pertes commencent à l’emporter sur les gains); ils n’appellent « vieillesse » que le déclin généralisé. De telles recherches permettent de mesurer le degré d’adaptation des personnes âgées. L’intégration ou la ségrégation sociales des personnes âgées sont précisément l’une des questions cruciales que se posent aujourd’hui les gérontologues. C’est aussi un élément déterminant pour guider l’action dans ce domaine et choisir ses modalités.

Cependant, ce phénomène de retrait ne cache que peu le fait que la société, surtout occidentale, devient de plus en plus une société vieillissante que les personnes âgées, par leur nombre croissant, modèlent à leur profit.

 

 

II. La société sous influence économique et culturelle des personnes âgées

 

a) Un poids économique non négligeable

 

- Le contraste est grand entre le petit nombre qui, détenant soit le pouvoir, soit la fortune, fait courir un risque de gérontocratie et la grande masse de personnes âgées qui, inactives et dotées de moyens modestes, sont réduites à une condition passive. Leur nombre a pourtant des conséquences économiques, financières et sociales. L’importance des “transferts sociaux” entre actifs adultes et inactifs âgés a certes une base démographique, mais dépend aussi de l’histoire sociale qui a vu accorder tel avantage pour résoudre une crise et qui peut, de longues années plus tard, peser d’un poids singulier sur l’ensemble de l’économie.

 

- Par ailleurs, les institutions créées en faveur des personnes âgées, telles les caisses de retraite, disposent de capitaux considérables qui ont un pouvoir financier important.

 

- De plus, l’allongement de la vie modifie le calendrier de transmission des biens (capitaux et entreprises); c’est particulièrement vrai dans le milieu de l’agriculture où l’âge moyen des exploitants s’élève d’autant plus que, du fait de l’exode agricole, la proportion et le nombre des jeunes adultes diminuent. C’est aussi la raison pour laquelle un nombre relativement limité des veuves peuvent, dans certains pays, détenir une part exceptionnellement élevée des capitaux privés. Cette évolution peut être positive dans la mesure où elle encourage les générations plus jeunes à ne pas faire dépendre leur niveau de vie d’une succession hypothétique.

 

 

b) Une influence culturelle en progression

 

- Le niveau des pensions servies a une incidence directe sur le niveau de la consommation d’une fraction notable de la population et, par conséquent, sur le volume de la demande de certains produits et services. A ce titre, l’étude des budgets de consommation des ménages âgés présente un intérêt économique indiscutable.

 

- Ainsi, on voit apparaître des sociétés de services (voyagistes, hygiène, revues…) qui proposent des produits spécialement destinés aux personnes âgées. En développant des messages spécifiques à son attention, les publicitaires ont bien compris le potentiel de cette nouvelle cible, dotée d’un pouvoir d’achat non négligeable. Se crée un véritable marché qui véhicule des valeurs (le nouvel art d’être grand-parent, le droit au médicament antivieillissement – cf. le débat autour de la molécule DHEA…) qui peu à peu innervent la société.

 

- Plus volontaristes, des groupes de pression se développent, à l’image des Loups Gris aux Etats-Unis, dont l’objectif est d’adapter les réglementations des Etats en faveur des personnes âgées ou qui luttent contre la place trop grande accordée au “jeunisme”.

 

- L’influence des personnes âgées est un phénomène en devenir qui, irrémédiablement, modèle les sociétés.

 

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